Avec la progression de l’espérance de vie, bon nombre de villes occidentales ont désormais quatre générations. La question est : comment loger tout ce monde ? Comme réponse, le canton de Genève apporte la solution de l’habitat évolutif. Les explications dans cet article.
La genèse du projet
Le marché immobilier Genève est tendu ces dernières années. L’offre de logement est assez limitée et bien loin d’être adaptée à une société où deux des quatre générations sont à la retraite. Le parc immobilier ainsi que les équipements urbains de proximité sont conçus pour une société de trois générations et ne tiennent pas suffisamment compte de l’évolution des besoins en matière d’habitat d’une société vieillissante.
Pour faire bouger les choses, des acteurs des services publics, des architectes, des conseillers en immobilier, des ingénieurs de la construction et de l’énergie, des membres de coopératives d’habitation, des experts de la construction de logements sociaux et des prestations médico-sociales ont élaboré un projet d’habitat évolutif. Le concept est de développer un logement composé d’éléments adaptables à l’évolution démographique. Le projet vise à convenir aux habitants de tous les groupes d’âge, d’être transposable à divers types de bâtiments et de mettre en évidence les synergies communes à plusieurs secteurs comme dans la santé par exemple.
En pratique, comment se présentent les choses ?
Sur le terrain à Adret, l’habitat évolutif pour seniors (HEPS) se traduit par un immense complexe résidentiel offre 150 logements pour les seniors et les étudiants. Les objectifs étant de cibler les deux catégories de la population, à savoir d’une part, accompagner les personnes âgées de troisième âge et d’autre part offrir des studios à loyers modérés à une trentaine d’étudiants.
Des lieux communautaires sont partagés entre les générations : une unité d’accueil, un salon, un restaurant, un cabinet de physiothérapie et un centre médical. De plus, une crèche de 56 enfants a été aménagée au même endroit, créant une interaction entre toutes les personnes y résidant. L’expérience est dotée d’un certain succès, non seulement les seniors profitent de la présence des étudiants, mais de leur côté les étudiants et les enfants de la crèche apprennent beaucoup de l’expérience de vie des aînés.
Ce qu’en disent les autorités
Pour le conseiller d’Etat Antonio Hodgers, « ce type d’habitat évolutif pour seniors est une innovation sociétale, dans les comportements et la manière d’appréhender notre rapport au troisième âge. Il faut donc dire que ces projets sont innovants et ne pas abandonner le terme à la seule technologie ».
Son collègue Mauro Poggia va dans le même sens : « Nous ne pouvons pas prendre en charge la personne âgée de manière sectorielle. La vie n’est pas sectorielle, nous nous en rendons bien compte. Nous vivons avec tout ce que cela implique au niveau social, sanitaire, économique et culturel. Il faut que nous soyons tous partenaires du vieillissement en bonne santé de chaque personne. »
Quant au conseiller d’Etat Thierry Apothéloz, il est enthousiasmé par le projet. Il plaide , en outre, pour offrir de bonnes pratiques à la politique du logement dans le canton de Genève.
Bref, l’habitat évolutif pour le senior est un concept dans l’air du temps. À adopter dans les autres cantons et pourquoi pas, dans les grandes villes occidentales.